vendredi 24 juin 2011

Rose-Marie, 51 ans

A chaque témoignage, je laisse le soin à la personne de choisir 'son' lieu, cela peut être chez moi, chez elle ou à l'extérieur ...
Avec Rose-Marie, c'était dans un parc, il y avait une fontaine, il faisait beau, c'était un matin et le soleil était encore doux, c'était un moment bien agréable ...
Avant de commencer l'entretien, je lui parle du prénom 'Marie' qu'elle a choisi, d'une vieille dame qui m'avait dit un jour que les 'Marie' étaient des femmes toujours malheureuses en amour ... Une 'belle' prédiction ...

La vésicule biliaire

Mon compagnon se plaint d’une douleur dans le bas ventre depuis quelques jours.
Je pense que mon compagnon doit se poser beaucoup de questions ...
Le couple que nous formons n'est pas ce qu'il rêvait.
Il pense sûrement que cela aurait pu être autrement, plus simple !
Notre relation n'est pas simple, elle est compliquée, elle n'est pas un long fleuve tranquille.
Il y a beaucoup de remous, de portes qui claquent, de limites dépassées et remises à leur place, ... Et en même temps, nous avons la certitude que notre relation ne se terminera jamais, il y a sans doute quelque chose derrière, je ne sais pas quoi ...

J'ai rêvé de quelque chose de plus simple, je dépense plein d'énergie et c’est fatiguant.
Je me demande parfois jusqu'où je pourrai tenir; et puis, chaque fois, je me calme et je reprends de l'énergie.
Je sais que nous devrions plus communiquer ! C'est très difficile, mon compagnon est quelqu'un qui s’énerve très vite; cinq minutes de communication, c'est beaucoup et les cinq minutes sont des engueulades.
Je ressens que ni l'un, ni l'autre n'a envie de recommencer une relation avec quelqu'un d'autre.
Ce n'est pas qu'il n'y a pas d'amour, la communication est juste compliquée entre nous.
Quelques fois, j'en ai marre et je me dis : 'Ça suffit ! ' Et je pars dans un endroit calme.
Mes parents ont vécu la même situation, la communication entre eux était compliquée.
Pourtant, quelques mois après le décès de ma mère, mon père l'a suivi, il était perdu sans elle ...
Je me dis que je fais de la répétition, c'est trop fort !
J'ai fait attention à ce que cela n'arrive pas et finalement, je tombe en plein dedans ...
Nous sommes, aussi, totalement différents l'un de l'autre, de caractère, en pensée, dans la façon de faire et de voir les choses, ... Nous sommes des extrêmes.
Lui calcule tout et prévoit tout, sinon, il angoisse ; moi, je vis au jour le jour et cela me va très bien, j'ai toujours vécu comme cela.
Les courses, les vacances, ..., tout doit être prévu alors que je préférerais partir à l'aventure sac au dos.
Nous avons très bien compris que chacun est différent.
Il est très soigneux, pointilleux et moi, je vis très bien dans le désordre.

Nous nous sommes vus pour la première fois dans un restaurant.
Ma mère venait de mourir. Une amie m'a proposé une soirée. J'arrive au restaurant un peu plus tôt et lui aussi ... Très vite, nous avons commencé à discuter comme si nous nous connaissions depuis longtemps, comme si nous nous étions toujours connus. Et depuis, nous ne nous sommes plus jamais quittés.
Je me dis que la vie en couple n'est facile pour personne, il y a des choses qui mettent du temps à s'installer. Il faut avoir de la patience, ce que l'on n'a plus maintenant.
Souvent, on pense que quand la vie en couple ne fonctionne pas « il faut partir » alors qu’il suffit d’avoir un peu de patience pour construire.
De toute façon, nous sommes tous uniques.
Nous arrivons à être dans un équilibre même si c'est dur.
Pour moi, ce sont les choses difficiles qui ont le plus de sens. C'est comme l'argent.
Je ne crois pas à l'amour facile, beau, ça se construit petit à petit.
J'ai vécu le coup de foudre et je me suis dit plus jamais, parce que c'est un feu de paille, ça brûle très vite puis après, il n'y a plus rien.
Le coup de foudre est une émotion, puis, cette émotion disparaît comme elle est venue.
J'ai eu le coup de foudre il y a longtemps, je ne pense pas que c'était réciproque.
Les symptômes, le cœur qui bat vite, le manque d’appétit, être en dehors de la réalité, c'est quelque chose qui est hors contrôle.

Une chapelle

Assez régulièrement, je vais dans une chapelle pour trouver le calme, pour me recentrer, me retrouver quand je me sens perdue.
C’est difficile de trouver un endroit tranquille.
J'ai une nature boudeuse, quand j'étais enfant, je pouvais bouder des jours et des jours.
Avec lui, c'est impossible de bouder, si mon compagnon se fâche, dans le quart d’heure, c'est fini. Mon père était identique.
Il a toujours l'air d'être sûr de lui, il avoue très rarement que ça ne va pas. Je suis son moteur et il me protège.

Paris

J'y vais prochainement.
Quand j'étais petite, je voulais y travailler.
Entre 8 et 10 ans, je voulais être petit rat de l'opéra, j'ai scié ma maman pour aller à Paris.
Je voulais devenir quelqu'un, être reconnue.
Après mes études, je me suis présentée dans une boîte à Paris, puis, cela m'est passé ...
Paris est l'endroit où j'aurais dû être.
Je pense que mon compagnon ne reconnaît pas mon boulot mais c’est moi qui ne me reconnais pas.
En fait, c'est ce que je recherche, je ne trouve pas le moteur en moi.
Je le fais pour les autres, mais je suis incapable de le faire pour moi-même.
Cela vient de loin, de mon éducation et de mes répétitions.
Je n'y arrive pas, je me dis que maintenant à l'âge que j'ai, est-ce que cela en vaut encore la peine ?
A treize ans, j'étais amoureuse d'un garçon de mon âge.
J'ai beaucoup rêvé de lui, et je trouvais ça mieux que la réalité.
A l'époque, j'étais responsable de ma petite famille, Je me défendais de faire quoique ce soit pour ne pas montrer le mauvais exemple.
Nous étions une grande famille et ma mère me demandait de jeter un coup d'œil sur mes frères et soeurs, cela a commencé très tôt. J'ai été très vite mise sur le fait accompli, je me disais déjà que la vie n'était pas drôle.
Mon premier petit ami m'a jeté comme un vieux mouchoir. J’en ai beaucoup souffert.
L’amour pour moi, c’est d’être fou, c'est se jeter à bras perdu dans l’aventure.
Par contre, mon compagnon est très raisonnable, il lui suffit de pas grand-chose pour être heureux.

La cave

Tiens, justement ça me fait penser à une souris; hier, j'ai eu une hallucination, nous étions dans le salon et j’ai cru voir une souris ! Nous avons commencé à la chercher, partout, sans rien trouver, étonnant, non ?
Cela me fait penser à la folie ! La folie me fait peur, où commence-t-elle ?
Les souris me font penser à la pauvreté ! La pauvreté me fait peur, aussi !
Les deux ensembles me dépriment.
Je me dis que j'ai beaucoup de chance dans la vie de vivre confortablement ...

Un légume blanc
L'asperge ...

Je n'aime pas les asperges et mon compagnon en achète à chaque fois.
Pour lui, c'est la saison et ils les adorent.
Je suis trop dans l'empathie ; mon compagnon, c'est le contraire !
Il est comme ça lui, peut-être aussi par peur de manquer.

Le mariage

Mon compagnon veut se marier car il veut me protéger.
Il me demande souvent "Quand se marie-t-on ?" et je lui réponds "C'est quand tu veux !" sans mettre une date.
Le mariage m'a toujours échappé alors je prends cela à la rigolade.
Quand j'avais 23 ans, mon petit ami voulait que l'on se marie, et du jour au lendemain, il est arrivé avec une autre femme. Cela faisait neuf mois que cela durait.
Sept ans de vie commune. Mais je sentais que ce n’était pas l’homme de ma vie.
J’étais malheureuse, fermée; en moi, une autre femme avait envie de vivre.
Après, il est parti et j’ai savouré la vie comme un cadeau. Pourtant, cet épisode m'a traumatisé.
Peut-être que cela m’aurait plu de me marier mais la peur est tenace.
L'amour n'est pas facile mais il est possible de vivre un bel amour mais il faut tenir bon et le construire consciemment et avec beaucoup de patience.
La stabilité, la durée, la confiance en moi sont importantes en amour.
Mon corps me dit "Je reste" et ma tête me dit "Au secours".
Il y a des situations qui ne me plaisent pas et d’autres qui me plaisent, alors je fais la balance et ça me rassure ...Il faut rester positif même quand il y a des crises.

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