mardi 12 juillet 2011

Sylvie, 60 ans

Comme un sentiment de transmission à travers ce témoignage ...

Pénélope

Cela fait un moment que je n'ai pas de relation et aujourd'hui, j'en viens à savoir vraiment avec quel type de personnes et dans quelles conditions, j'aurais envie de vivre.

Ca suffit

Ca suffit des relations où je me fais exploiter, où l'autre se donne plus d'importance, où ce sont ses désirs qui comptent et que les miens sont au second plan.
Je l'ai vécu très fort dans une relation où la personne dramatisait beaucoup sa situation, ce qui fait que je vivais beaucoup en fonction de lui, de se besoins et je m'oubliais moi-même.
Et des types de relation comme celle-là, non ! Aujourd'hui, il me faut une vraie réciprocité.
Je donnerais sans compter mais si je me rends compte qu'il n'y a pas de réciprocité, je dirai 'non'.
Dans cette relation, je me sentais dans une certaine morale, habitude et je pense quelque part qu'il y avait une certaine honte.
J'ai parfois éprouvé ce sentiment que ce soit dans une relation amoureuse ou pas, quand je ne me respecte pas quelque part.
Il me semble que je devrais avoir honte et cette honte est vis-à-vis de moi-même.
Honte de ne pas suivre ma voie, de ne pas m'écouter, de ne pas faire ce que je devrais faire
La honte n'est pas nécessairement un bon sentiment parce que c'est un sentiment où tu te replies mais je me rappelle avoir éprouvé ce sentiment et finalement, je me suis rendu compte que c'était une honte par rapport à moi-même.
Mais par rapport à soi-même, on peut mieux rebondir en se disant 'J'ai honte parce que il y a quelque chose en moi qui me dit que je dois vivre ma vie, pas celle des autres ou pas celle que les autres voudraient'.
Une fois que l'on comprend ce sentiment, c'est dynamisant mais quand on le vit sans le comprendre, c'est plutôt paralysant, tu n'oses pas en parler, tu te juges.
Mais si tu es arrivé à analyser ce sentiment, cela devient un levier pour avancer.

J'ai un ami qui vit à des milliers de kilomètres qui est venu me rendre visite, c'est quelqu'un que je connaissais, que je trouvais sympathique mais on n'avait jamais vécu à deux dans un appartement.
C'est quelqu'un avec qui il y a eu beaucoup de réciprocité; quand je voulais organiser des activités, un repas ou n'importe quoi, je lui proposais mais c'était essentiel que cela lui plaise et lui faisait de même.
Je le faisais spontanément parce que je le sentais comme ça et lui fonctionnait de la même façon.
Quand on est tous les deux sur cette longueur d'onde, c'est génial !
J'ai vécu cette situation, aussi, avec une de mes cousines.
Chacune donnait un maximum pour que tout aille bien, chacune était attentive à l'autre et à son repos.
Ce sont des choses que l'on peut vivre quand on s'entend très bien, que l'on est vraiment complice.
Sinon, quand tu te lances à dire : "Je voudrais que cela soit bien pour l'autre" et que l'autre ne répond pas de la même façon, tu passes, tu laisses passer jusqu'au moment où tu te sens exploitée.
Ce n'est pas que je voudrais calculer mais si à un moment donné, tu te rends compte qu'il n'y a jamais une réponse un peu de même nature, je pense que la relation est en cause qu'elle soit amoureuse, amicale, ...

Un peignoir de bain

Cela me fait penser à mon frère aîné, c'était au moment où il était très malade et on savait que c'était le dernier soir.
Il avait un superbe peignoir bleu roi.
Il sortait de sa chambre dans ce peignoir et je lui ai dit que c'était un roi dans ce peignoir.
Ce peignoir était très beau.
Ce qui est vraiment très beau dans l'amour, j'aurais envie de poursuivre sur le thème de mon frère.
Entre lui et moi, il y a toujours eu énormément de complicité et je pense que dans ma vie amoureuse, j'ai recherché une qualité de complicité, tu es à l'aise, on se comprend à demi mot ...
Etre complices et être bien avec quelqu'un, cela me paraît les deux éléments importants.
A un moment donné, j'ai eu un amant avec qui je me sentais très libre et je me suis fait la réflexion : 'Pourquoi se casser la tête, on est bien avec quelqu'un, que demander de plus ?'.

Poupée de cire

L'idée qui me vient, c'est quelque chose de froid, c'est de la beauté froide.
J'aime mieux une beauté chaude qui est peut-être moins dans les canons de l'esthétique mais son visage reflète sa personnalité ou quelque chose de lui s'exprime et ça c'est une beaucoup plus grande beauté, quelque chose de naturel, être soi ...
Dans ses poupées de cire, je trouve que c'est froid, impersonnel ...
L'idéal de la beauté, c'est d'être beau en étant soi-même, en étant épanoui et de s'assumer comme on est et de rayonner, dans l'acceptation de ce que l'on est, de notre nature, il y a une vraie beauté.
Ce que j'apprécie particulièrement chez les hommes, c'est un certain raffinement, je n'aime pas les hommes qui sont virils de façon exacerbée, où tout est dans le muscle, dans la force ou la compétition.
Mais j'aime bien un côté ambivalent, on est chacun masculin et féminin, j'aime chez un homme quand il ose exprimer quelque chose de raffiné, de féminin.
J'ai souvent parlé de cela avec cet ami dont je me sentais très complice et je lui disais que justement, j'aimais chez un homme qu'il montre un côté féminin et lui me disait : "Comment veux-tu que l'on communique si je ne suis pas de temps en temps sur ton terrain ... " et y compris, moi sur le sien ayant, aussi, une part masculine.
Beaucoup d'hommes refoulent cette part; moi, les hommes en muscle, cela me donne plus envie de m'encourir !
Il me faut un personnage plus subtil et complexe, un véritable être humain avec plusieurs dimensions et je dirais aussi que c'est naturel mais que beaucoup se coupent de leur vraie nature.
Quelqu'un qui aurait osé être lui-même et qui aurait osé passer au-delà de toutes ses injonctions et qui aurait retrouvé sa vraie nature serait vraiment beau.

Le Portugal

Nous sommes partis à trois célibataires au Portugal.
A ce moment, je sortais d'une relation contraignante; pendant ce voyage, nous nous sommes lâchés, c'était une petite fantaisie.
J'ai eu une relation fort contraignante, puis, j'ai eu un amant et c'était la pleine liberté, nous n'avions pas d'obligations, nous étions ensemble quand nous voulions.
Mais il y avait une autre femme et des enfants; et comme il y avait des enfants et que je ne voulais pas qu'ils fassent les frais de cette histoire, j'ai arrêté sans remords.
Je n'aurais jamais voulu être dans la situation 'C'est elle ou moi' parce qu'il y avait des enfants, je ne voulais pas rentrer dans ce jeu .
Après je me suis dit que le célibat était tranquille ...
Puis, est arrivé cet ami venu de loin...
C'est une personne qui m'a redonné la goût de vivre avec quelqu'un et je ne me dis plus maintenant que le célibat, c'est la liberté !
Avec quelqu'un de chouette, je peux vraiment me sentir moi-même et l'autre aussi.
J'ai fait une séance kinésio et la kinésiologue me disait que j'étais amoureuse de lui, je lui ai répondu par la négative.
Tous les deux, on s'est rendu compte que nous avions vécu quelque chose d'extraordinaire et notre relation a avancé à un niveau où nous avons pu nous parler.
Nous ne nous sommes rien dit au niveau amoureux mais il y a manifestement quelque chose qui accroche, nous sommes à des milliers de kilomètres, je ne sais pas très bien, nous verrons, ce sera une amitié extraordinaire ou une relation amoureuse ...
Ce que je sais c'est qu'il est un peu réticent par rapport aux relations amoureuses étant donné ses expériences ...
Je vais dans son pays cet été, je lui avais écrit et il m'avait répondu en me proposant de m'installer chez lui pour mon séjour.
Nous nous lançons de signes en tout cas ... Il est gentil, attentionné, drôle ...
Je me dis que si je dévoile mes sentiments, il est tellement fin et délicat et même si c'est non, il ne va pas me repousser, il y a tellement une bienveillance entre nous que les choses se disent très facilement.
Mais cela fait un peu peur, quelqu'un qui est à des kilomètres, qui te dit qu'il est célibataire et qu'il y tient ... Et en même temps, il te lance d'autres messages ...
Je crois que je vais avoir de moins en moins peur, si cela tombe, je me lâcherai et il sera bienveillant.

Pénurie

Dans cette relation contraignante, il y avait cette idée de pénurie.
C'est vrai que dans quelques années, je pourrais m'installer dans son pays, vivre là-bas, ce n'est pas plus cher qu'ici ; dans un premier temps, je m'étais imaginé voyager, je peux le voir autrement maintenant ...
En tout cas, cet été, nous allons nous voir, nous allons prendre notre pied, nous allons faire ce qui vient, ce qu'il y a à faire sans arrière-pensée, les choses viendront à leur rythme ...

Auto-stop

Dans ma jeunesse, j'ai fait fait beaucoup de stop.
J'en ai fait vers mes 15 ans, c'était comme de petites libertés ...
Adolescente, j'étais plutôt réticente par rapport à l'amour ...
Je n'avais pas envie d'histoires 'Fleur bleue', j'étais assez allergique au romantisme, c'était sans doute lié à mon expérience familiale; l'idéalisation de la famille, je n'aimais pas du tout, cela avait un côté frelaté et le romantisme amoureux à cette époque me paraissait aussi frelaté que l'idéalisation de la famille.
Je me suis vraiment laissée approcher par un homme la deuxième fois, un homme m'a séduit et je me suis laissée aller à son charme.
La première fois, c'est quelqu'un qui m'a fait une déclaration et je n'étais pas amoureuse du tout, j'ai dit 'non' puis il a insisté et finalement, j'en ai fait une affaire rationnelle de peser le pour et le contre, c'était mal embarqué, c'était trop dans le rationnel...
La relation n'a pas tenu très longtemps, je n'ai pas vécu grand chose dans cette relation, tandis que la deuxième fois, je me suis laissée séduire et j'ai dit 'oui' car j'étais réellement séduite.
La réelle relation, c'est d'être séduite, c'est de sentir un mouvement de la vie !

Collimateur

Cela me fait penser à une association dans laquelle j'ai travaillé ...
Je dirais plutôt l'oeil du cyclone ...
Ils étaient en train de mener une campagne de harcèlement, ils voulaient changer toute leur équipe et à plusieurs, nous nous étions rendus compte de cette situation, nous en riions !
En amour, être dans l'oeil du cyclone, c'est d'être dans une spirale de destruction et ça, je refuse.
Avec cette relation contraignante dont j'ai parlé et avec mon amant, cela aurait pu tourner en spirale.
On peut gérer un conflit, le vivre mais quand cela se cristallise dans le négatif, il faut s'en aller, il faut éviter les spirales, les bras de fer.
C'est à partir du moment où il y a domination de l'un sur l'autre que cela tourne au bras de fer, je pense que si on a réellement du respect, on n'arrive pas à des parties de bras de fer, on peut dire : "Ecoute, je n'ai pas aimé cela, ...", cela ne va pas se gérer en partie de bras de fer.
Le respect et l'égalité sont essentiels !
Avec mon ami venu de l’étranger, il y a de la souplesse, de l'indulgence, de la réflexion mais pas de parties de bras de fer.

Populaire

Cela me plairait que l'homme que choisirait soit populaire, pas dans le sens qu'il plaise au monde entier, plutôt dans le sens où je l'amènerais dans mon groupe d'amis, il serait bien accepté, intégré à mon milieu.
Ce serait un critère, s'il devait y avoir incompatibilité entre quelqu'un avec qui j'ai envie de vivre et les gens que j'aime bien, je me sentirais déchirée, ce serait lui ou les amis; je serais dans une opposition difficile.
Dans notre groupe d'amis, nous sommes pas mal de marginaux par rapport au modèle traditionnel ... Il faudrait quelqu'un qui ait un genre de sensibilité à cela, c'est vraiment important.

La soupe aux choux

Je n'ai jamais goûté et je n'aimerais sûrement pas !
Si on fait le parallèle en amour ...Ce que je n'aimerais sûrement pas, c'est le modèle traditionnel : le couple, la villa, le poisson rouge ...
J'ai des tas de cousins que je ne vois plus jamais et qui sont très 'poisson rouge', j'ai tout à fait rompu avec eux, je refuse ce mode de vie.
Si on regarde mes cousins, le premier vit comme cela, le deuxième aussi, le troisième ...
C'est 'tout le monde la même chose' ! Le côté 'modèle' est horrible !
Alors que moi, je voudrais quelqu'un qui soit vraiment lui-même et quand tu es toi-même, tu n'es jamais dans un moule.
Par rapport à mes parents et au couple qu'ils étaient, j'ai dû faire un amalgame entre choses perverses et modèle.
Dans ma famille élargie, des tantes, des cousines, ... ont vécu le modèle avec amour, sans perversité; je m'entends bien avec elles.
C'est vrai que quelque part, j'ai de la nostalgie du modèle 'honnête'.
Quand j'ai commencé ma vie, j'étais très en réaction par rapport à cet amalgame : modèle et perversité; il fallait absolument que tout soit éclaté, autrement.
Deux tantes ont été des modèles pour moi et ce qui a de curieux, c'est qu'elles étaient des femmes séparées, deux marginales.
La première avait été abandonnée par son mari, elle vivait seule avec sa fille, c'était en 58 et à l'époque, c'était audacieux de vivre seule et malgré tout, elle avait une belle vie, elle sortait, ...
C'est une femme qui m'a beaucoup attirée, mon autre tante, aussi, elle a vécu très libre mais seule.
Les deux femmes qui ont été des modèles pour moi étaient seules, abandonnées par leur mari mais elles y avaient gagné une liberté.
Quand j'étais jeune, j'étais dans l'après 68, c'était la révolution sexuelle, il n'y avait pas de modèle de couple, on était contre le couple, c'était la liberté, on s'éclatait, on n'avait pas une idée de couple.
En 1968, j'étais dans une école catholique très hypocrite, nous étions dans des familles étriquées et arrivaient de l'extérieur des slogans comme 'faites l'amour, pas la guerre', ...
Peu après mai 68, je suis entrée à l'unif et j'ai fait, comme on fait dans des mouvements d'étudiants, une grève de la faim pour les étudiants étrangers ...
Je suis entrée là-dedans avec une rage de détruire l'ordre ancien car il était symbole pour moi de perversité.
Militer à gauche, manifester, être pour la révolution sexuelle, tout ensemble, c'était détruire un ordre ancien jugé pervers et abominablement destructeur.
J'ai vraiment vécu une période de rage et d'anarchie.
Je crois que j'ai, aussi, tout fait pour ne pas avoir d'enfant, je n'aurais pas pu avoir d'enfant, cela aurait été être comme ma mère, j'étais dans la terreur; inconsciemment, j'ai toujours eu des relations qui ne pouvaient pas aboutir à la conception d'un enfant.
Aujourd'hui, je me sens plus libre car il n'est plus question d'enfant.

Bobonne

Cela me fait penser à mon frère, on rigolait beaucoup à propos de l'archétype de la bobonne.
Une bobonne, c'est assez péjoratif ... Elle n'est pas très amoureuse de son mari en pantoufles ...
Je ne m'imagine pas du tout comme cela dans quelques années !
Je trouve qu'après 68, toutes les notions de couple ont éclaté; puis, il y a eu un retour à la famille, aux valeurs familiales mais que c'est vrai que dans mon parcours et lorsque j'ai commencé ma vie sexuelle, tout était éclaté.
Aujourd'hui, à la fois pour des raisons d'évolution de société et pour la raison que je ne voulais surtout pas vivre en couple trop longtemps pour les questions d'enfant, je pourrais revivre et réenvisager une vie de couple mais cette vie de couple n'a pas été la norme tout le temps.

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